mercredi 30 septembre 2020

L’amour

 


L’amour, par les longues soirées pluvieuses, cherche les lieux abandonnés. Nous avons suivi ce chemin d’herbe qui s’en allait je ne sais où dans le dimanche de septembre. Il nous a conduits sur la hauteur où s’amassait la pluie comme une blanche forêt perdue. C’est là, dans une vigne terreuse et noircie, que me précédait mon amour. Je regardais avec compassion sous la soie mouillée ses épaules transparues, et sa main arrière, selon le geste de son écharpe fauve et trempée disant : “Encore plus loin ! Plus perdus encore”».

L’amour, dépendant du hasard, en devenait fragile et irréel. Je me sentais appartenir au monde, son cœur, ses pulsations. La vie me semblait liquide. Tout coulait autour de moi comme la sève des arbres, comme la salive ou la sueur, comme les pluies d’orage, comme tout ce que j’imaginais de lui, son odeur et son souffle, sa force et sa douceur.”

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Template by:

Free Blog Templates